Rencontre avec Anas Daif, créateur d’« À l’intersection »

16/05/2022 | à la une, articles, société, talents

Après deux premières éditions, le Printemps du Podcast, festival libre et curieux du podcast et de la créativité audio revient du 18 au 21 mai 2022 à Ground Control. Rencontre avec Anas Daif, journaliste et créateur du podcast “À l’Intersection“. Un podcast sur les réalités des diasporas nord-africaines, afro-descendantes et asiatiques en France dans toute leur intersectionnalité. Le 20 mai, il sera avec nous pour le talk “La 7ème fonction du langage, avoir un impact sur le monde par l’audio” avec Judith Duportail, Romane Fuentes et Laura Eisenstein. Pour s’inscrire, c’est par ici.

Qu’est-ce que prendre sa place signifie
pour toi ?

Prendre ma place signifie donner à voir, à lire, à écouter d’autres voix, d’autres narrations qui s’éloignent des histoires et des vécus dits dominants. C’est aussi être là où on ne m’attend pas, prendre de l’espace, donner de l’espace à ces récits minoritaires et minorisés, qu’on le veuille ou non. 

Quel est le jour où tu t’es dis qu’il était temps de prendre sa place ?

Le jour où je me suis dit qu’il était temps de prendre ma place, c’était en licence 3 information communication (2017-2018), quand j’ai créé un magazine en ligne qui a duré quelques mois, mais qui m’a laissé un espace d’expression important pour parler des thématiques qui m’intéressaient. Quand j’ai vu la réception positive des personnes concernées par ces sujets (des personnes issues des diasporas africaines et asiatiques), je me suis rendu compte de l’impact que mon travail pouvait avoir sur la vie de personnes qui ne se sentaient pas assez représentées. Je me suis dit qu’il était temps de prendre NOTRE place, car je pense en termes de collectif. Mon destin est lié à celui de celles et ceux qui me ressemblent et qui sont minorisés.  

En quoi le podcast est-il un outil pour prendre sa place ?

Le podcast est un outil d’expression important, c’est un format facile à faire, n’importe qui peut prendre un micro et un dictaphone pour raconter sa réalité et son vécu. Son format audio 1) humanise celles et ceux qui sont derrière le micro tout en préservant leur anonymat quand il le faut 2) crée un proximité : il n’y a aucun obstacle entre le haut-parleur/l’écouteur et l’oreille 3) est pratique, on peut l’écouter partout. Dès lors, qu’on soit dans les transports, en train de faire la vaisselle, au travail, on a accès à d’autres mondes, d’autres réalités qui façonnent la manière dont on perçoit notre environnement et l’espace public. 

Es-tu du genre à t’asseoir toujours à la même place ?

Je suis de moins en moins du genre à m’asseoir à la même place. Ce serait mentir de dire que j’ai acquis la confiance nécessaire pour mettre en branle l’espace auquel on m’a assigné. Mais je fais des efforts. Parfois, j’arrive à changer la chaise sur laquelle je m’assieds, parfois, c’est plus compliqué. Un pas en avant, un autre en arrière. Mais j’y arrive petit à petit. Ça me demande beaucoup d’énergie, mais je reste déterminé à y arriver. 

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